Âgée de 44 ans, Karine Pouchard mène de front deux vies professionnelles. Dans la journée, elle gère la ferme de ses parents, près d’Orbec. La nuit, elle est infirmière à l’hôpital de Lisieux (Calvados).
» Notre père est arrivé dans cette ferme à l’âge de 2 ans, mes deux frères et moi y avons grandi. Il y a un attachement au cœur. Il fallait entretenir le patrimoine familial », explique cette mère de trois enfants.
En effet, depuis 2016, Karine Pouchard a repris la ferme de ses parents située à Familly. Une ferme – l’ancienne ferme du château du village – qui s’étend sur 90 hectares d’un seul tenant et qui devait être reprise par son jeune frère, Benoît. Mais le destin en a décidé autrement.
Un rêve brisé
Au mois de septembre 2002, l’année de son baccalauréat professionnel au lycée agricole Le Robillard à Saint-Pierre-sur-Dives (Calvados), Benoît est victime d’un terrible accident de la route à Lisieux. Il était passager arrière de la voiture.
En effet, un choc à la tête va provoquer des dommages irréversibles, se manifestant principalement par un important trouble de l’équilibre et des difficultés d’élocution. « Tous ses rêves de guérison se sont envolés », explique sa sœur. Benoît, qui vient de fêter ses 40 ans, se déplace en fauteuil roulant et depuis quelques mois en tricycle.
Un enseignement à distance
A l’approche de la retraite de son père, Karine Pouchard a convoqué en 2014 une réunion de famille pour discuter de l’avenir de la ferme.
Chacun d’entre nous avait sa situation professionnelle établie ou sur le point de l’être. J’ai alors émis l’hypothèse de suivre une formation pour reprendre l’activité. Tout le monde était d’accord.
Karine Pouchard
Ainsi, l’infirmière qui habite Lisieux se formera à distance au lycée agricole Le Robillard tout en continuant à travailler à l’hôpital. Dix mois, dix modules à valider. » Je ne voulais pas perdre de temps « . Et en juin 2016, elle obtient son brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole (BPREA).
En vacances pour la moisson
A partir de là, elle mènera de front ses deux activités professionnelles, en marge bien sûr de l’éducation de ses trois enfants en garde partagée. Agricultrice le jour et infirmière la nuit à l’hôpital Lexovien dans le Service de soins de suite et de réadaptation (SSR), mais aussi dans l’Unité cognitivo-comportementale (UCC).
Lorsqu’elle se rend à la ferme de ses parents, Chantal et Jacques, au moins une ou deux fois par semaine, en été, c’est tous les jours ou presque.
Pendant l’été, je prends mes vacances de mi-juillet à début août, en espérant avoir une fenêtre météo favorable pour la récolte. C’est vraiment pour la récolte (NDLR : blé, orge, colza et pois) que j’interviens physiquement sur l’exploitation.
Karine Pouchard
La mère de famille poursuit : « Nous avons simplifié le système. Nous minimisons les coûts et nous valorisons un maximum. La technique, les phytos, les traitements, c’est mon père, aujourd’hui âgé de 74 ans, qui gère en tant qu’aidant familial.
Je m’occupe de la commercialisation. J’étudie les cours. Il faut se tenir informé des situations géopolitiques et climatiques mondiales car elles ont un impact sur les prix. C’est intéressant. J’aime chercher la meilleure solution ».
Et pour l’heure, lorsqu’elle n’est ni à la ferme ni à l’hôpital, Karine Pouchard termine la rénovation de sa nouvelle maison à Lisieux. Une mission qu’elle a entreprise seule, il y a maintenant plus d’un an.
Source : actu.fr
